Etat sanitaire des forêts

Etat sanitaire des forêts

Attaque de scolytes

Depuis le mois d’août, les peuplements d’épicéa subissent des dépérissements importants dus à une attaque épidémique de « bostryche ». L’été 2018 particulièrement sec et chaud a permis aux scolytes typographes de réaliser trois cycles de reproduction. Leurs populations ont explosés, attaquant tant les arbres affaiblis que certains arbres sains. Pour enrayer cette dynamique, les forestiers doivent récolter rapidement les arbres atteints.

Les volumes de « produits accidentels » constatés sur le massif jurassien en 2018 sont largement supérieurs à la moyenne. Dans le Doubs et le Jura, ils dépassent 300 000 m3. En forêt publique domaniale et communale, ce sont 185 000 m3 soit près de la moitié d’une récolte annuelle d’épicéas sains qui ont été exploités ou devront l’être rapidement ! A ce volume, s’ajoutent ceux plus conséquents des régions et des pays voisins impactés : 600 000 m3 en Région Grand-Est, 27 Mm3 en Allemagne, 4,8 Mm3 en Autriche, 1,7 Mm3 en Suisse, 18 Mm3 en République Tchèque… soit au total plus de 50 Mm3 en Europe. En plus de cette crise sanitaire, la tempête Vaia qui a touché l’Italie (Vénétie) fin Octobre a également occasionné des volumes de produits accidentels très importants dans des peuplements résineux qui sont estimés entre 10 et 15 Mm3.

Cet afflux de produits accidentels déstabilise le marché des bois résineux. Pour faire face à cette situation, les acteurs de la filière, dont font pleinement partie les communes propriétaires de forêt, s’organisent et font preuve de solidarité pour limiter le risque d’effondrement des cours du bois vert et de la valeur des stocks des industriels. C’est dans ce contexte que le 5 décembre 2018 dans la nouvelle salle des fêtes de Chaux-des-Crotenay, Michel BOURGEOIS, Président de l’Association des Communes forestières du Jura et les représentants de l’ONF ont organisé avec le soutien de la préfecture et du Département du Jura, une réunion d’information destinée aux élus des communes forestières résineuses (synthèse des échanges ci-dessous ou compte-rendu complet dans votre espace téléchargement). La centaine d’élus présente a pu prendre connaissance de la stratégie collective mise en place pour récolter et commercialiser au plus vite les volumes du bois scolytés et pour préserver le marché du bois vert. Cette démarche se poursuivra suivant l’évolution du bostryche à la sortie de l’hiver.

Pyrale du buis

Depuis deux étés, les forêts du sud du Jura et de l’Ain subissent d’importantes attaques de la pyrale du buis pouvant compromettre la pérennité de cette essence sur la totalité du croissant jurassien.

Les entreprises de la tournerie tabletterie travaillant le buis ont lancé une alerte auprès de l’interprofession FIBOIS. Si elles ne peuvent plus s’approvisionner en buis, leur activité économique pourrait également être compromise. D’après leurs estimations, elles valorisent annuellement 1 000 tonnes de buis. Pour sécuriser leurs besoins, il faudrait mobiliser et stocker courant 2019, l’équivalent de 10 années de récolte, soit de 10 à 15 000 tonnes de buis.

Sur le massif du Jura, une dizaine d’entreprises travaillent le buis. Deux d’entre-elles valorisent plus de 50 % de la récolte annuelle. Pour ces deux entreprises, le travail du buis représente 80 % de leur activité. Leurs principaux marchés : les cochonnets (Obut), de manches de coteaux (Opinel), les jeux d’échec, les petits ustensiles de cuisine….

L’Etat (DRAAF), la Région, FIBOIS Bourgogne-Franche-Comté et ses représentants professionnels (Forestiers privés, Communes forestières, ONF, syndicat de la tournerie tabletterie…) se sont réunis à Besançon et Jeurre sur le site de l’entreprise Monneret afin de rechercher des solutions pour exploiter rapidement ce volume et financer les stocks.